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CONCLUSION, « D'UNE FUSION AUX AUTRES »



               Si les caisses du Tarn et de l'Aveyron figurèrent   C'est  pourquoi,  en  juillet  2003,  à  l’initiative  de
               parmi les premières de France à repenser leur     son Président Yvon Lafage et de son Directeur
               ressort territorial en fusionnant, leur restructura-  Jean-Louis  Bonnet,  elle  proposa  à  la  caisse
               tion spatiale ne faisait que commencer. D'autres   Tarn-Aveyron d'étudier la faisabilité d'un projet
               fusions eurent lieu, avec le Lot, en 2007, puis   de rapprochement conduisant à une fusion com-
               avec le Tarn-et-Garonne en 2010, conduisant à     plète, mais en proposant d’y associer le Tarn-et-
               la caisse Midi-Pyrénées Nord d'aujourd'hui. Ces   Garonne, ce que cette Caisse refusa clairement.
               rapprochements  postérieurs  offrent  moins  de   Les  discussions  n’eurent  donc  lieu  qu’entre
               spécificités à analyser que la fusion initiale du   Tarn-Aveyron  et  Lot.  Trois  ans  plus  tard,  les
               Tarn et de l'Aveyron. Pourtant, elles ne sont pas   objectifs, comme en atteste la « Charte fonda-
               dénuées d'intérêt car les choix qui furent retenus   trice de la MSA Tarn-Aveyron-Lot », adoptée le
               à cette occasion soulignent les caractéristiques   8  juin  2006,  étaient  les  mêmes  que  ceux  du
               qui faisaient l'originalité de l'entreprise de rap-  projet de fusion Tarn-Aveyron, consistant avant
               prochement entre le Tarn et l'Aveyron.            tout dans une volonté de maîtrise des coûts de
                                                                 gestion.  Cependant,  les  caisses  du  Tarn-
               1. La fusion des caisses Tarn-Aveyron et          Aveyron  et  du  Lot  témoignaient  également  de
               Lot                                               leur volonté de s'inscrire « pleinement dans le
                                                                 plan  stratégique  institutionnel,  par  déclinaison
               A la fin de l’année 1989, la question qui animait   des objectifs spécifiques liés à la meilleure prise
               les administrateurs lotois était celle de se doter   en compte possible des besoins des adhérents
                                                                                                     49
               d'un nouveau directeur suite au départ de celui   (…) et à l'optimisation du service rendu » .
               en place dans une autre Caisse. Selon Jacques
               Bernat, André Laur avait tenté de convaincre le   Le non recours à l’outil fédéral
               président du Lot de ne pas effectuer cette nomi-
               nation afin de pouvoir procéder plus aisément à   Suite à cette prise de contact, une réunion des
               un  rapprochement  avec  la  MSA  de  l’Aveyron,   Présidents,  premiers  Vice-présidents  et  Direc-
               mais  sans  succès  et  Jean-Louis  Bonnet  fut   teurs,  le  18  octobre  2004,  établit  un  état  des
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               nommé directeur de la caisse MSA du Lot  au       lieux comparatif des caisses et institua deux ins-
                er
               1   février  1990.  En  effet,  les  administrateurs   tances en charge de la gestion de la fusion : le
               lotois, s'ils croyaient à l'importance de mutuali-  comité de pilotage et le comité stratégique ; et
               ser les moyens, restaient  alors dubitatif sur la   ce, contrairement au choix de 1991 d’une struc-
               pertinence de fusionner complètement les struc-   ture fédérale, cette option présentant moins d’in-
               tures départementales, notamment sur un plan      térêt dans une caisse fusionnée depuis dix ans.
               politique. Après 1990, les caisses du Lot et de
               Tarn-et-Garonne firent une expérience de travail   Le contexte dans le Tarn-Aveyron avait changé,
               en commun en Garonne-Quercy dans le cadre         même si en 2001 la Caisse centrale laissait en-
               d’une fédération de moyens. Mais cette tenta-     core le choix des modalités de rapprochement
               tive se solda par un échec.                       aux  caisses  50  .  Ainsi,  lors  du  Conseil  d'ad-
                                                                 ministration  Tarn-Aveyron  du  16  février  2005,
               Mais,  au  tournant  des  années  2000,  comme    lorsqu’un administrateur fit part de ses doutes
               l'expliquait Jean-Pierre Dilé, « le Lot ne pouvait   sur  une  entreprise  de  rapprochement  avec  le
               plus fonctionner seul en raison d'une population   Lot, eu égard aux mouvements sociaux que pa-
               en grande diminution » . Initialement, la caisse   reille démarche provoquait dans l'Aude, c'est en
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               du Lot était réticente  à l'idée de fusionner car   critiquant le recours à la technique de la fédéra-
               elle « avait le sentiment d'être une petite caisse   tion que Jacques Bernat et François Dubeau lui
               (…). Mais elle s'est rapidement rendu compte de   répondirent. Ils rappelèrent que « la situation de
               l'intérêt d'une fusion qui lui apportait une manne   la  Fédération  Grand  Sud  [était]  différente  de
               financière  en  action  sanitaire  et  sociale »  et   celle  de  Tarn-Aveyron-Lot,  notamment  de  par
               aussi des  perspectives de stabilité sur  le  long   l'histoire et les contextes locaux », mais ajoutè-
               terme.                                            rent que « la procédure engagée, consistant à

               46  André Laur, peu avant, avait souhaité en vain un rapprochement de sa caisse avec celle de la Lozère.
               47  PV C.A. CRHSS-MP, 9 juin 2007 pour cette citation et la suivante.
               49  PV C.A. Tarn-Aveyron, 8 juin 2006, « Charte fondatrice de la MSA Tarn-Aveyron-Lot ».
               50  En  mai  2001,  une  Assemblée  générale  extraordinaire  de  la  Caisse  centrale  avait  adopté  un  Plan  stratégique
               institutionnel définissant les orientations 2000-2005 et une résolution avait défini « la construction d’un réseau d’entreprises
               homogènes, de taille suffisante », par fusion ou fédération (l’étape de la fédération maintenait les CA départementaux mais
               avec un directeur unique). Voir, Michel Lages, opus citatum, p. 240.


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