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Un  constat  était  communément  admis :  le      Il  fut  ainsi  proposé  un  « Projet  de  règlement
              nombre d'administrateur allait globalement être   d'échelons  locaux  communs ».  Ce  dernier  de-
              réduit  de  moitié  et  il  convenait  donc  de  faire   vait  tout  d'abord  permettre  une  « association
              émerger des mécanismes de bonne représenta-       plus étroite à la vie Institutionnelle » des élus lo-
              tion  départementale  en  évitant  que  ne  naquit   caux, avec la tenue de deux réunions par an et
              « un certain sentiment d'éloignement des cen-     par  département,  des  administrateurs  et  des
              tres de décision ».                               présidents et vice-présidents de ces échelons,
                                                                ainsi qu'une réunion annuelle des présidents et
              Trois principes devaient donc animer l'organisa-  vice-présidents des deux départements. D'autre
              tion du scrutin. Il convenait tout d'abord d'élabo-  part, étaient également prévues des « déléga-
              rer  « un  règlement  des  échelons  locaux  com-  tions plus étendues dans la conduite des actions
              mun qui valoriserait la volonté politique de leur   santé et des actions sociales locales » et « dans
              donner un rôle accru », mais aussi de favoriser   la représentation de la MSA au sein de certaines
              « une  association  plus  étroite  encore  de  ces   instances locales ».
              mêmes échelons locaux à la vie institutionnelle.
              Aussi, pour ce faire, il [était] envisagé, d'une part,   Ainsi,  la  réduction  de  moitié  du  nombre  des
              de  regrouper  deux  fois  par  an  dans  chaque   administrateurs  de  chaque  département  qui
              département  leurs  Présidents  et  Vice-Prési-   était la conséquence de la fusion, ne s'est pas
              dents  et  les  Administrateurs  du  département,   accompagnée   d'une   disparition   de   la
              d'autre  part,  d'organiser  une  fois  par  an  une   représentation des intérêts des échelons locaux.
              rencontre des Présidents et Vice-Présidents des   Cette  stratégie,  qui  suivait  un  double
              échelons  locaux  des  deux  départements »  et,   mouvement permettait de faciliter l'acceptation
              « enfin, le conseil d'administration précis[a] que   de  la  réforme  du  sommet  de  l'institution  que
              cette orientation nécessit[ait] de trouver des per-  constituait la fusion, en la doublant d'un mouve-
              sonnes qui s'investissent dans la vie associative   ment de renforcement de la participation locale.
              et locale mais qui soient aussi en prise directe
              avec  les  préoccupations  des  actifs ».  Il  fallait   Le succès des élections de 1994
              éviter que les élections de 1994 ne deviennent
              l'occasion  de  polariser  les  mécontentements   Ces  mesures  de  gestion  du  risque  démocra-
              dans un vote de barrage au projet, mais la créa-  tique  par  les  acteurs  de  la  fusion  ont  été  un
              tion de la caisse pluridépartementale ne pouvait   succès lors des élections. Néanmoins, la prise
              faire  l'économie  de  la  légitimité  que  le  vote   en compte des enjeux politiques par ces acteurs
              pouvait lui conférer.                             et des stratégies qu'ils mirent au point pour con-
                                                                trôler la communication relative à leur projet ne
              Il fallait maîtriser la communication mais trouver   saurait  conduire  à  déduire  qu'il  n'y  aurait  eu
              les moyens de mobiliser les échelons locaux le    qu'une illusion de démocratie au sein des struc-
              vote  des  électeurs.  Une  abstention  trop  forte   tures de mutualité sociale agricole intéressées.
              aurait donné moins de légitimité au projet. Il y   Bien au contraire, la perception de ces difficultés
              avait  donc  un  autre  enjeu  démocratique  qui   traduit explicitement le fait que la décision des
              consistait à constater qu'il était « indispensable   électeurs joua un rôle essentiel dans le proces-
              d'assurer une mobilisation des échelons locaux    sus de prise de décision puisque, en dépit du
              et  des  délégués  de  façon  à  obtenir  une     travail acharné des Conseils d'administration et
              participation au vote tout aussi importante dans   des  personnels  de  direction,  elle  conditionnait
              un  contexte  pluridépartemental  que  dépar-     entièrement la faisabilité de la fusion.
              temental.  Chacun  conv[int]  qu'il  import[ait]  en
              conséquence de valoriser le rapprochement en      Finalement, le soin qui fut apporté à la bonne
              mettant en exergue certains objectifs initiaux qui   organisation  des  élections  de  1994  s'avéra
              l'accompagn[aient]  comme  le  développement      payant puisque celles-ci envoyèrent siéger une
              du rôle des élus locaux et la mise en place tou-  majorité  d'administrateurs  gagnés  au  projet  et
              jours  plus  grande  d'actions  et  de  services  de   mobilisèrent  également  les  électeurs.  Dans  le
              proximité ».  Le  contrôle  de  la  communication   Tarn,  le  taux  de  participation  par  commune
              relative au projet de fusion ne visait donc pas   s’étalonnait de 40 % à 70 %, et dans l’Aveyron,
              seulement  à  museler  les  oppositions,  mais  à   la  participation  fut  de  47,48  %,  tous  collèges
              favoriser  la  mobilisation  des  adhérents  sur  le   confondus,  ce  qui  était  « sensiblement  supé-
                                                                                            40
              projet. Il était nécessaire de polariser les débats   rieur au pourcentage national » . Ces taux de
              politiques sur les bienfaits à en tirer y compris   participation  dans  le Tarn  et  l’Aveyron,  étaient
              sur le plan démocratique, quoique la revalorisa-  nettement supérieurs aux chiffres nationaux des
                                                                                41
              tion du pouvoir des élus locaux ne constituât pas,   élections à la MSA .
              a priori, un corollaire nécessaire de la fusion.

              40  PV CA Aveyron, 7 décembre 1994.
              41  Voir, Michel Lages, opus citatum, p. 233.


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