Page 3 - Lettre d'information n°33
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L’hôpital n’est qu’un dépôt, un refuge tempo-
raire, un lieu de transition. L’internement par
l’assistance publique reste exceptionnel et se
limite au maintien à l’hospice des enfants
infirmes ou malades, ainsi qu’au placement col-
lectif en établissements spécialisés des enfants
indisciplinés ou délinquants.
Par la généralisation du tour, les autorités impé-
riales imaginent réduire le nombre d’enfants
assistés, l’admission à bureau ouvert durant la
période révolutionnaire ayant entraîné des abus.
Contrairement à l’effet escompté, le système du
tour favorise les abandons, l’anonymat de l’acte
l’emportant sur son irrévocabilité. Le résultat sta-
tistique ne se fait pas attendre, « des sommets
sont atteints sous la Restauration et la monar-
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chie de Juillet » , notamment dans le Tarn .
L’accroissement extraordinaire des admissions
entraînant une hausse continue des dépenses,
l’institution n’aura de cesse de se perfectionner.
Les réformes effectuées par les deux régimes
monarchiques montrent des préoccupations
essentiellement financières .
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Les gouvernements multiplient les instructions
exigeant la rigueur des administrations hospita-
lières. Le thème de l’enfance assistée est déjà
abondamment étudié dans son acception de
service public, il
s’agit par consé-
quent de concen-
trer notre propos
sur les structures
privées et reli-
gieuses que sont
les orphelinats.
Étroitement lié à la
société industriel-
le, le temps des
orphelinats s’ouvre
avec le deuxième
tiers du XIXe
siècle, autour de
1830 , à la faveur
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de deux phénomènes concomitants.
Ces structures apparaissent d’abord à la suite
des resserrements opérés dans l’assistance
publique à l’enfance. L’administration royale
3 I. JABLONKA, Ni père, ni mère. Histoire des enfants de l’assistance publique (1874-1939), Éditions du Seuil, Paris, 2006, p. 10.
4 Par exemple, entre 1824 à 1833, la moyenne annuelle du nombre d’enfants confiés à l’assistance publique dans le
département est supérieure au millier et en augmentation. Il faut attendre la moitié du siècle pour passer sous cette barre.
5 Le souci premier restant la réduction des charges de l’État, les gouvernements ont tôt fait de reporter la part la plus
lourde des frais sur les départements et les communes. Les lois de finances de la Restauration (25 mars 1817, 15 mai
1818 et 19 juillet 1819) renforcent le caractère départemental de la dépense des enfants assistés (centimes additionnels).
Les lois de décentralisation de la monarchie de Juillet (loi du 18 juillet 1837 relative aux communes, loi du 10 mai 1838
relative aux départements) organisent le budget des collectivités locales de manière à les faire participer à la dépense.
6 L’imprécision du début et la fin de cette période, s’explique par la dimension locale de l’initiative charitable.
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