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Le scrutin « départementalisé »                   démarche  commune  entreprise,  résolvant
                                                                même  la  question  de  la  représentation  des
              Pourtant, la question resta en suspens et, peu à   Délégués Familiaux, dans la mesure où il paraî-
              peu, l'idée de conserver une coloration départe-  trait logique que l'un soit tarnais et l'autre avey-
              mentale dans les modalités de désignations des    ronnais ».  Ce  projet  de  réforme,  en  prévoyant
              membres  du  conseil  d'administration  germa.    un  nombre  pair  de  représentants  familiaux
              Ainsi,  lorsque  la  création,  stricto  sensu,  de  la   simplifiait  donc  le  rapprochement  des  deux
              caisse  pluridépartementale  fut  portée  à  l'ordre   départements en facilitant la parité au sein des
              du jour de la Fédération, en novembre 1993, la    instances collégiales.
              question qui se posa fut celle de la composition
              des  collèges  d'administrateurs.  Cette  question   Les débats s'orientèrent sur l'hypothèse d'élire
              avait  été  envisagée  par  le  protocole  d'accord   le  conseil  d'administration  pluridépartemental
              conclu  entre  les  deux  caisses  en  1992,  et,   par un vote « départementalisé » : Par collège,
              comme le rappela Jean-André Garrouste, « les      les  élus  cantonaux  composant  l'Assemblée
              fondements de l'accord intervenu en 1992 entre    Générale  pluridépartementale,  plutôt  que  de
              les deux conseils d'administration » étaient les   voter  ensemble,  voteraient  par  département
              suivants : « siège  social  à  Rodez,  présidence   pour  élire  leurs  administrateurs  afin  de
              tarnaise lors de la mise en place de la Caisse    permettre  le  respect  de  la  parité  entre  ces
              pluridépartementale en 1995 et parité de com-     départements. Ce choix n'était pas anodin car il
              position au sein des 1  et 3  collèges du conseil   consistait  à  légèrement  contrecarrer  le  cadre
                                      e
                                  er
              d'administration ».  Or,  la  parité  était  difficile  à   légal normal qui n'introduisait pas de condition
              mettre en place avec un nombre impair de 31       d'origine dans les désignations des administra-
              administrateurs : 12 pour le 1er collège, 10 pour   teurs. La décision, eu égard à son importance,
              le 2e, 6 pour le 3e mais 3 représentants fami-    fut renvoyée aux caisses adhérentes et, si cette
              liaux pour lesquels aurait pu être organisée une   option  avait  été  « jugée  préférable  par  les
              représentation tournante des intérêts familiaux,   membres  du  conseil  d'administration  de  la
              qui aurait pu être vectrice de difficultés.       Fédération, elle devra[it] être confirmée par les
                                                                Conseils d'administration des deux MSA, celui
              Mais c'était sans compter sur l'aide des Caisses   du Tarn s'étant tout récemment déterminé en ce
              centrales.  Lors  de  la  séance  du  9  novembre   sens,  celui  de  l'Aveyron  devant  se  prononcer
              1993,  les  administrateurs  furent  informés  que   prochainement ».
              les  pouvoirs  publics,  en  lien  avec  l'échelon
              central de la MSA, travaillaient sur une réforme   Au final, ce fut l'option du vote « départementa-
              législative modifiant le code rural. Ce projet était   lisé » qui l'emporta et c'est selon cette organisa-
              le fruit du travail d'influence des CCMSA auprès   tion que se tinrent les élections de  1994 pour
              des pouvoirs publics, comme le constatait Guy     l’élection des 30 membres du conseil d'adminis-
              Lavinal, lequel précisa que « le Conseil Central   tration de la Caisse pluridépartementale du Tarn
              a[vait] adopté certaines orientations qui [avaient]   et  de  l'Aveyron  ,  auxquels  s’ajoutaient  les
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              été  proposées  aux  Pouvoirs  publics  et  qui   représentants  familiaux.  Cette  décision,  qui
              pou[vaient]  être  adoptées  lors  de  l'actuelle   n'était pas contra legem, fut confirmée et avali-
              session  parlementaire ».  Ce  projet  relatif  à  la   sée  par  l'autorité  de  tutelle.  Cependant,  outre
              composition  des  conseils  d'administration      ces enjeux pratiques, le Conseil d'administration
              prévoyait que le nombre d'administrateurs au 2    de  la  Fédération  dut  répondre  à  de  véritables
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              collège des salariés serait porté de 10 à 12, le   enjeux politiques pour organiser les élections de
              1  collège étant rapporté à 12, comme le 3  à 6   1994.
                                                    e
               er
              administrateurs.

              Mais, nouveauté pour une caisse à deux dépar-     2.   Les    risques    de    l'expression
              tements,  les  représentants  familiaux  devaient   démocratique,  les  enjeux  politiques  du
              passer à 2 administrateurs seulement « au lieu    vote
              de 3 dans le texte actuel », « dont 1 salarié et 1
              non salarié ». Cette solution intéressait le projet   Dès  la  décision  du  12  octobre  1992  de  faire
              de passage à une caisse pluridépartementale,      coïncider le passage à la structure unifiée avec
              et  « les  membres  de  la  Fédération  not[èrent]   les élections de 1994, les procès-verbaux préci-
              que  ce  projet  ne  [pouvait]  qu'accompagner  la   saient que ce choix n'était pas sans danger, car

              36  Quand bien même le projet de fusion fit triompher l’option du vote départementalisé, il convient de noter que l’article
              1010 du Code rural ancien, réformé par la Loi n°94-114 du 10 février 1994 maintenait le nombre des représentants
              familiaux à trois, ce qui explique que, en dépit de ce qui avait été annoncé, 33 administrateurs furent envoyés au Conseil
              d’administration lors des élections de 1994. Pour pallier ce déséquilibre, le principe fut de donner deux postes de
              représentant  UDAF  au  département  dont  le  Président  n’était  pas  issu.  En  1994,  le  Tarn  disposait  donc  de  deux
              représentants UDAF.


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