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                rappelle que la fixation de la date d’échéance   Marcel Baudé, élu le 5 janvier 1985 , décide
                des cotisations est décidée chaque année par     toutefois,  avec  le  conseil  d’administration,
                le Conseil d’Administration et qu’elle n’est donc   d’appeler les cotisations, non plus en deux fois,
                pas définitive ».                                mais bien en trois fois. Il motive cette décision
                                                                 en affirmant qu’il faut permettre à la Caisse de
                Au  niveau  national,  la  Commission  Adminis-  pouvoir  payer  les  prestations  auxquelles  les
                tration-Profession est mise en place en 1982.    agriculteurs  ont  droit.  C’est  en  1990  que  le
                Sa mission est de « mesurer l’effort contributif   législateur décide de réformer les cotisations,
                des  agriculteurs  à  leur  régime  de  protection   ce qui aura une résonnance particulière dans
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                sociale » . Ses conclusions mettent en avant     le Gers.
                la  part  prise  par  les  agriculteurs  au  finance-
                ment  de  leur  régime  de  protection,  « très   Réformer les cotisations sociales
                proche de celui des salariés du commerce et
                de l’industrie ». C’est dire si les agriculteurs ont   Tout d’abord, il faut expliquer la réforme des
                vu sensiblement augmenter leurs cotisations.     cotisations sociales agricoles au plan national.
                Cela va dans le sens d’une uniformisation des    « Cette importante réforme s’est mise en place
                cotisations. Le Centre d’Etudes des Revenus      progressivement de 1990 à 1996 » . La loi du
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                et des Coûts tire les mêmes conclusions dans     23 janvier 1990 abandonne le revenu cadastral
                une étude de 1983 .                              comme  assiette  des  cotisations  sociales  au
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                                                                 profit  des  revenus  professionnels.  « La  nou-
                Pour  répondre  aux  critiques,  le  conseil     velle assiette, dite "revenu professionnel", est
                d’administration  souligne  autant  qu’il  le  peut   calculée en faisant la moyenne sur 3 ans des
                que les augmentations restent, tout de même,     revenus  déclarés  au  fisc  au  titre  de  l’activité
                douces. Il insiste, par exemple, sur le fait « que   agricole,  les  éventuels  déficits  étant  au
                l’exercice  1982  se  caractérise  par  une  forte   préalable ramené à 0 […]. A partir de 1994, les
                majoration  des  prestations  […] ;  mais  cette   déficits  ne  seront  plus  ramenés  à  0  dans  la
                évolution  positive  a  entraîné  inévitablement   moyenne  triennale » .  Des  particularités  bé-
                                                                                    82
                une progression des cotisations qui est restée   néfiques  restent  en  vigueur,  « notamment  le
                cependant  limitée  pour  la  plupart  des       fait  que  la  moitié  des  exploitants  remplissent
                exploitants  agricoles » .  Il  s’agit  en  effet  de   les  conditions  pour  choisir  de  déclarer  leurs
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                remédier  au  déséquilibre  qui  existe  entre  le   revenus selon le système du forfait collectif et
                montant des prestations versées et le montant    non selon une déclaration de revenus réels » .
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                des cotisations perçues. Le déficit de la caisse
                s’accroît  encore.  L’augmentation  des  cotisa-  Cette réforme va dans le sens de la parité entre
                tions sociales est chiffrée pour l’année 1985 à   les  cotisations  sociales  des  exploitants  et
                + 11%. Mais, dans son rapport à l’assemblée      celles  des  autres  régimes.  Ce  nouveau
                générale  du  30  juin  1985,  le  conseil  d’admi-  système est basé sur les deux points suivants.
                nistration  s’efforce  de  noter  que  cette     Tout d’abord, « les exploitants peuvent choisir,
                augmentation  « est  bien  inférieure  à  celle   si  leur  chiffre  d’affaires  est  inférieur,  en
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                observée  pour  l’année  1983 » .  Comparant     moyenne sur deux années, à 500 000 F, entre
                les hausses successives qu’il estime de même     le maintien à un assujettissement au régime du
                proportion, il semble vouloir faire admettre les   forfait collectif et l’assujettissement au régime
                augmentations des cotisations aux adhérents      réel,  lequel  est  obligatoire  au-dessus  de
                de la caisse.                                    500 000 F ». Ensuite, « les exploitants peuvent
                                                                 opter  pour  une  assiette  annuelle  ou  une  as-
                Au  fur  et  à  mesure,  une  difficulté  apparaît.   siette triennale ». Suivant ce système, « entre
                L’encaissement des cotisations semble de plus
                en  plus  difficile.  Même  s’il  se  félicite  du  taux
                d’encaissement  des  cotisations,  le  président

                76  GROSS-CHABBERT (C.), op. cit., p. 79.        déficit du FFIPSA indique p. 23 : « Les représentants
                77  Il affirme que « pour l’ensemble des trois branches   du monde agricole considèrent que cette parité existe.
                en 1981 [  assurance  maladie ; prestations familiales ;   Ce  point  de  vue  n’est  pas  celui,  entre  autres,  [des]
                assurance vieillesse], les études menées sont arrivées à   membres  du  rapport  des  trois  inspections,  ni  de  la
                la  conclusion  que  le  taux  d’effort  des  exploitants   Cour des comptes ». In LAGES (Michel), op. cit., p. 230
                agricoles,  comparé  à  celui  des  salariés  du  régime   78  PV AG, 26 juin 1983.
                général, se situe […] dans une fourchette allant de 51   79  PV AG, 30 juin 1985.
                à 61 % dans l’optique du revenu professionnel et de 74   80  PV  CA,  5  janvier  1985.  Marcel  Baudé  est  élu  en
                à 82 % si l’on se base sur le revenu du travail et si l’on   remplacement de Paul Blancafort.
                assimile  les  taxes  sur  les  produits,  qui  alimentent  le   81   RANCE  (Eric),  « La  protection  sociale  des
                BAPSA,  à  des  cotisations  sociales »  (Bulletin   exploitants agricoles en mutation », in Revue française des
                d’Information de la Mutualité Agricole, septembre 1983, p.   affaires sociales, 2002/4 (n°4), p. 196.
                9,  in  GROSS-CHABBERT  (C.),  op.  cit.,  p.  81).  Plus   82  VERDEAUX (Claire), op. cit., p. 206.
                récemment, en 2006 un rapport de J.F. Chadelat sur le   83  RANCE (Eric), op. cit., p. 196.


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