Page 9 - Lettre d'information n°33
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des orphelinats : « annexe des hospices » et
« confondus avec des écoles libres » . Pour da-
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vantage de précision, nous souhaitons seule-
ment déplacer le critère de la distinction sur la
nature des institutions, en opposant les établis-
sements hospitaliers publics et les établisse-
ments congréganistes privés. En outre, il nous
semble nécessaire d’établir une troisième caté-
gorie d’institutions, celle des orphelinats authen-
tiques, afin de dresser la nomenclature complète
des orphelinats du département.
Le premier orphelinat au sens strict du départe-
ment procède de la charité protestante, avec le
consistoire de Castres qui crée un asile pour les
garçons orphelins en 1840.
Il s’écoule vingt années avant qu’un autre établissements auxquels elles ajouteront une
orphelinat proprement dit ouvre ses portes. En œuvre hospitalière pour le premier et une œuvre
1860, les Frères-ouvriers de Saint-François- scolaire pour le second. Lorsque les Sœurs de
Régis en provenance du Puy-en-Velay fondent la Sainte-Agonie se forment à Mazamet en
à Peyregoux l’orphelinat Saint-Alexis, une autre 1868, elles accueillent des jeunes filles dans leur
œuvre pour les garçons. Quelque temps plus orphelinat Sainte-Marie, à côté duquel elles
tard (1863), l’orphelinat du Sacré-Cœur ouvre à créent une clinique. En 1894, les Sœurs du
Castres, à l’initiative des Filles de la Charité, afin Très-Saint-Rosaire de Monteils s’établissent à
de recueillir les enfants dont les parents sont Réalmont pour reprendre un orphelinat-ouvroir,
décédés à l’Hôtel-Dieu. En 1867, Léontine auquel elles annexent bientôt une école. À Albi,
Maraval aménage, dans un immeuble lui les Sœurs de la Miséricorde de Moissac instal-
appartenant à Lavaur, l’orphelinat-ouvroir Saint- lent leur orphelinat en 1895, puis elles ouvrent
Joseph, avec l’aide des Filles de Jésus de différentes œuvres scolaires.
Massac. Les protestants imaginent le pendant Une œuvre nouvelle peut être annexée à une
féminin de l’orphelinat de Castres, ils institution privée, scolaire ou hospitalière, déjà
l’établissent à Brassac en 1883. existante. L’orphelinat devient alors une œuvre
À la fin du siècle, le Père Colombier déploie tout supplémentaire à l’intérieur d’un établissement
son zèle en faveur de l’enfance malheureuse en congréganiste. Ayant déménagé dans le châ-
créant ou reprenant des structures pour teau du Petit-Lude à Albi, les Sœurs du Bon-
l’accueillir. Il fonde à Albi, en 1886, l’orphelinat Sauveur ouvrent deux pensionnats puis elles
Saint-Jean pour les garçons, une première créent en 1838 un orphelinat dont les sourdes-
œuvre à partir de laquelle il en essaimera muettes qui suivent leur enseignement depuis
d’autres, notamment dans le Tarn. Il crée un 1832 forment les premiers contingents. À
orphelinat à Dourgne en 1909, pour les enfants Castres, les Sœurs de l’Immaculée-Conception
désireux de s’initier à la spiritualité (l’œuvre est fondent en 1846 un refuge destiné aux filles
transférée à Lourdes en 1913) ; il établit à côté repenties ; très vite, elles décident d’y admettre
de Saint-Jean, l’orphelinat Saint-Pierre pour les des orphelines afin de les préserver des dangers
filles en 1915 ; enfin, il prend en charge de l’extérieur. Une communauté de Sœurs de
l’orphelinat du château de La Landelle, Saint-Joseph d’Oulias, située au château de
commune de Paleville, de 1920 à 1940. Gos, commune de Cabanès-et-Barre, donne
Il arrive parfois qu’autour de cette œuvre l’instruction aux jeunes filles des alentours
première en faveur des orphelins viennent se depuis une quinzaine d’années lorsqu’elle éta-
greffer d’autres activités, d’enseignement et/ou blit une structure pour recueillir les orphelines en
de soins. 1852. Depuis 1827, les Sœurs de Notre-Dame
L’ensemble forme alors un établissement de Toulouse dirigent le plus important établisse-
congréganiste au sein duquel l’orphelinat ne ment scolaire pour filles d’Albi, auquel elles ad-
représente qu’une œuvre parmi d’autres. Les joignent un orphelinat en 1865. Les Sœurs de la
Filles de la Charité fondent ainsi des orphelinats Présentation demeurent à Brassac depuis 1789
à Lacaune (1857) et à Gaillac (1862), deux et à Dourgne depuis 1828, mais elles n’ouvrent
20 Ch. PORTAL, Le département du Tarn au XIXème siècle. Notes de statistiques, Laffitte reprints, Marseille, 1977 (réimpression
de l’édition de l’Imprimerie Nouguiès, Albi, 1912), p. 265.
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