Page 10 - Lettre d'information n°33
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des orphelinats de filles dans ces localités qu’en « orphelinat » apparaît à l’hôpital général Saint-
1871. De même, les Filles de la Charité s’instal- Jacques d’Albi en 1842, avec la construction
lent à Blan en 1854, mais leur petit orphelinat ne d’un bâtiment destiné aux jeunes filles. Les hô-
date que de 1880. Les Filles de Jésus ne for- pitaux Saint-Nicolas à Lavaur et Saint-André à
ment un orphelinat dans leur couvent de Massac Gaillac forment très tôt des orphelinats, mais
qu’en 1894, sur la sollicitation d’une société de retiennent les dates de 1836 pour le premier et
bienfaisance parisienne qui souhaite venir en 1854 pour le second. L’orphelinat de filles et de
aide aux enfants des ouvriers et employés des garçons de l’hôpital général Saint-Joseph à
chemins de fer. Castres apparaît progressivement au début du
XIXe siècle, mais sa fondation officielle n’inter-
Il y a parfois une véritable difficulté à définir vient qu’en 1878. Quatre orphelinats sont donc
l’existence même d’un orphelinat. Certains adossés au service public de l’enfance assistée.
établissements scolaires congréganistes L’hôpital général des Bausses à Mazamet, de
prétendent recevoir depuis toujours des création plus récente (1852), recueille très vite
orphelines, sans qu’un orphelinat ne soit expres- des enfants mais n’ouvre un orphelinat qu’en
sément fondé, à l’exemple des maisons conven- 1862, dont la fondation juridique officielle sur-
tuelles des Sœurs de la Croix à Lavaur et des vient seulement en 1876. L’œuvre peut égale-
Sœurs de la Présentation à Castres. Pour ces ment être annexée à un bureau de bienfaisance
deux congrégations antérieures à la Révolution, par les religieuses qui en ont la direction.
l’accueil des orphelines est une œuvre origi- Ces institutions communales, gérées comme les
nelle, tombée en désuétude au début du hôpitaux par une commission administrative,
XIXe siècle au profit d’œuvres scolaires pures, ressemblent tout à fait à des établissements
et réanimée autour de 1900 avec la poussée congréganistes privés avec des œuvres
anticléricale. diverses, enseignantes et soignantes. L’hospice
de Rabastens, géré par les Sœurs de Nevers,
Un orphelinat peut enfin être créé au sein d’un transfère ses orphelins dans le bureau de bien-
établissement public d’assistance par les reli- faisance en 1839. Quatre autres bureaux, diri-
gieuses qui en assurent le fonctionnement, gés par les Filles de la Charité, ouvrent des
comme une symétrie privée de l’œuvre publique orphelinats, à Saint-Amans-Soult, Labruguière,
d’assistance à l’enfance. Là encore, il n’est pas Lautrec et Sorèze. Il est très difficile de dater
toujours facile de dater avec précision la créa- précisément ces œuvres, à l’exception de la der-
tion de l’orphelinat, car les hôpitaux (Albi, nière qui remonte à 1875.
Castres, Gaillac, Lavaur, Rabastens et
Mazamet) accueillent l’enfance malheureuse Œuvres mixtes, les orphelinats tiennent donc le
depuis leurs origines. Les hôpitaux-hospices juste milieu entre l’école et l’hospice. Or, le
sont en effet les hôtes traditionnels de la misère siècle se caractérise plus largement par l’élabo-
en général et de l’enfance assistée en particu- ration d’un important volet social autour de ces
lier. Les sœurs desservant ces établissements deux institutions. L’État cherche à s’approprier
prennent l’habitude de recueillir et d’éduquer les des domaines jusque-là détenus par les congré-
enfants dans le besoin. De fait, elles accompa- gations religieuses. L’école et l’hôpital public se
gnent naturellement le service public de l’en- développent sous les différents régimes : à
fance assistée lorsque celui-ci se met en place terme, la première se laïcise et le second se mé-
à partir de la Révolution. Ces sœurs hospita- dicalise. Chaque nouvelle législation éloigne un
lières conservent une structure d’accueil à côté peu plus les missions publiques des œuvres
ou en l’absence de dépôt public, recueillant les privées. Tandis que le rôle de l’État évolue, les
enfants évincés par une définition légale de plus orphelinats gardent intacte leur spécificité. Le
en plus stricte. À côté du service public de l’en- décalage se traduit par un renforcement du
fance assistée, les orphelinats sont le prolonge- poids de l’État sur les orphelinats.
ment de cette mission historique. Le terme
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