Page 10 - Lettre d'information n°32
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supplétives  vont  accueillir  60 %  des  assurés   défense de leurs intérêts matériels à travers le
               (3 775 000 assurés), les caisses d’affinité étant   droit à des honoraires pour tout malade soigné
               minoritaires.  Toutefois,  la  présence  mutualiste   soit  à domicile, soit dans  un  établissement de
               sera prépondérante en pratique dans leurs con-   soins et la liberté pour tout praticien de fixer ses
               seils. Elles sont représentées au niveau national   honoraires par accord avec son patient. La loi de
               par la Fédération nationale des caisses départe-  1930 n’impose pas de tarif, mais prévoit seule-
               mentales d’assurance maladie.                    ment un tarif de remboursement à l’acte, compte
                                                                tenu des tarifs médicaux minima pratiqués dans
               Troisièmement,  des  caisses  d’assurance        la région (tarifs de responsabilité des caisses en
               vieillesse-décès et des caisses d’assurance      principe définis dans des accords locaux entre
               invalidité  fonctionnent  en  capitalisation.  Elles   caisses et syndicats médicaux) ; le rembourse-
               sont 80.                                         ment de ce tarif de remboursement est réduit par
                                                                un ticket modérateur de 15 %.
               Quatrièmement,  15 unions  régionales  assu-
               rant la compensation ou la garantie des caisses   Les pensions de vieillesse qui se substituent aux
               de  leur  circonscription  et,  au  niveau  national,   retraites ouvrières et paysannes, tout en s’élar-
               une Caisse générale de garantie.                 gissant à l’ensemble de la population de salariés
                                                                non-cadres, à compter de l’entrée en vigueur de
               Cinquièmement, le ministère du Travail avec      la loi de 1930, fonctionnent, comme les retraites
               sa  direction  des  assurances  sociales  et  de  la   ouvrières  et  paysannes  en  capitalisation.  À  la
               mutualité, son service du contrôle général des   différence des ROP, la loi fixe un minimum de
               assurances  sociales  et  ses  15 services  régio-  pension de 40 % du salaire moyen pour 30 an-
               naux  des  assurances  sociales,  chargés  non   nées  de cotisations à  60 ans. L’inflation  et  les
               seulement du contrôle des caisses, mais surtout   besoins financiers de l’État pour relancer l’éco-
               de l’immatriculation et du recouvrement des      nomie épuiseront les réserves constituées pour
               cotisations.                                     la retraite ; le décret-loi Marquet du 15 mai 1934
                                                                affecte  au  Fonds  commun  du  travail,  créé  au
               Pierre  Laroque,  en  1935,  se  préoccupe  déjà,   sein de la Caisse des dépôts et consignations,
               dans un article qu’il rédige, de la cohérence du   75 %  des  avoirs  de  capitalisation  des  assu-
               système : « Les 727 caisses primaires de répar-  rances sociales. Il s’y ajoutera le financement,
               tition et les 80 caisses de capitalisation ne doi-  sous  le  régime  de  Vichy,  de  l’allocation  aux
               vent  pas  apparaître  comme  des  organismes    vieux travailleurs salariés (loi du 14 mars 1941).
               gérant  à  leur  gré  les  risques  dont  l’assurance   De  ce  fait  et  en  vertu  de  cette  même  loi,  les
               leur est confiée : l’assurance sociale est et reste   retraites seront désormais constituées « sous le
               une institution nationale dont le fonctionnement   régime de la répartition ».
               exige  une  étroite  solidarité  de  tous  les  orga-
               nismes qui y collaborent et même de tous les     2.2.3. Les allocations familiales
               assurés . »
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                                                                À  cet  édifice,  il  convient  encore  d’ajouter  les
               2.2.2.  L’étendue  de  la  couverture  des       caisses patronales de compensation d’allo-
               assurances sociales                              cations  familiales,  soit  professionnelles,  soit
                                                                interprofessionnelles,  avec  des  compétences
               Le  champ  personnel  des  assurances  sociales   géographiques variables. Elles sont déjà 232 en
               est limité par un plafond d’affiliation : les cadres   1930 auxquelles s’ajoutent les caisses d’alloca-
               ne bénéficient pas des assurances sociales et    tions familiales mutuelles de l’agriculture (32 en
                                                                     15
               ne cotisent pas non plus, ce qui limite le degré   1931) . Elles seront 399 à la Libération. La loi
               de solidarité d’assurances sociales limitées aux   du 11 mars 1932 oblige les employeurs à adhé-
               non-cadres.                                      rer à une caisse de compensation et l’État fixe
               Les prestations maladie restent modestes : les   un  taux  minimum  d’allocations  familiales.
               hôpitaux n’ont guère été modernisés, les méde-   L’inégalité des droits est donc grande, puisque
               cins ont âprement défendu leurs intérêts ; ils ont   le  niveau  des  prestations  dépend  de  chaque
               refusé la médecine de caisse envisagée par la    caisse. La compensation reste, sauf exception,
               loi de 1928 et proclamé en 1927 la Charte de la   limitée  à  chacune  des  caisses  patronales.  La
               médecine  libérale.  Cette  charte  contient  des   surcompensation nationale prévue par le décret-
               principes déontologiques incontestables, tels le   loi du 12 novembre 1938 ne sera jamais mise en
               respect du secret professionnel et le libre choix   œuvre pour ces dernières ; en revanche, elle est
               du médecin, derrière lesquels elle camoufle la   organisée entre les caisses agricoles.

               14  LAROQUE Pierre, « La prévoyance » dans Protection de la faiblesse physique et sociale, Encyclopédie française, section A
               – Activités et fonctions de l’État, 1935.
               15  CECCALDI Dominique, « Les allocations familiales et la compensation », dans LAROQUE Michel (dir.), Contribution
               à l’histoire financière de la sécurité sociale, Comité d'histoire de la Sécurité sociale, Documentation française, 1999.


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