Page 13 - Lettre d'info n 26
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postes  supplémentaires,  et  la  Direction,  s’ali-  exercice, car ces budgets conditionnent le bon
               gnant pour la première fois sur les directives de   fonctionnement  de  l’organisation.  Lorsque  la
               la CNAMTS et de la DRSS, proposant alors six     distorsion  entre  la  situation  locale  et  les
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               postes . Si cette limitation des postes accordés   exigences  nationales  devient  trop  critique,  la
               est liée à la fin de la mise en place de l’informa-  CPAM connait des crises. Un bon exemple d’un
               tique  dans  la  Caisse,  axe  clé  que  nous    de  ces  moments  de  rupture  va  marquer  les
               étudierons  en  profondeur  plus  loin.  On  peut   années 1973 à 1975, et nous allons voir dans le
               presque  parler  ici  d’un  cas-limite :  les  diver-  traitement  de  ce  cas  quelles  sont  les
               gences de vues entre les différents acteurs et   conséquences  directes  et  indirectes  que  les
               les différents échelons est marquante. Cela ne   relations entre la CPAM et la tutelle vont avoir
               met  que  plus  en  valeur  le  rôle  difficile  du   sur le fonctionnement de la Caisse.
               Directeur, qui gère l’organisation de la CPAM :
               il doit concilier tant les réalités du terrain, mises   C. La crise des années 1973 à 1975 : la
               en avant par le Comité d’entreprise (CE), que    CPAM à la limite de la rupture
               les directives de ses autorités hiérarchiques, et
               ce par engagement constant de sa responsabi-
               lité professionnelle vis-à-vis de ces dernières et   Dans l’étude de ce cas unique dans l’histoire de
                                                                la CPAM, nous allons d’abord nous concentrer
               du  Conseil  d’administration.  En  cas  de  pro-
               blèmes de gestion, il est aussi susceptible de se   sur les évènements tels qu’ils sont décrits dans
                                                                les  procès-verbaux  (1),  puis  ferons  quelques
               voir remercier par le CA, et il est la cible, de par
               sa position particulière, de tous les reproches   observations sur le mode de fonctionnement de
                                                                la tutelle dans ses relations avec la CPAM (2).
               possibles de la part des différents acteurs. Le
               CA  peut  lui  reprocher  une  trop  grande      Au  terme  de  ces  réflexions,  nous  pourrons
                                                                étudier  comment  la  CPAM-HG  va  se  relever
               obéissance à la Tutelle, tandis que celle-ci va
               pointer du doigt la moindre incartade de sa part   suite à ces épreuves (3).

               en faveur de son institution, alors même que le
               CE va lui imputer toutes les responsabilités en   1. Les évènements de la  crise  de  1973-1975
               matière  d’organisation  et  de  conditions  de   tels que perçus dans les procès-verbaux
               travail.
                                                                a) La grève de 1973
               ❖En 1979, les tractations entre Tutelle et CA
               débouchent  de  nouveau  sur  une  adoption  un   La grève va résulter d’un conflit larvé opposant
               peu tardive du budget (janvier 1979), avec une   le Conseil d’administration à la tutelle concer-
               révision  à  la  baisse  des  demandes  d’emploi :   nant la validation des organigrammes et l’aug-
               des  46  demandes  votées,  20  sont  accordées   mentation  des  effectifs :  le  personnel  de  la
               par la DRSS, et seulement 15 sont finalement     CPAM exprime au travers de cette grève et des
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               validées par la CNAMTS , alors même que lors     réactions  des  administrateurs  les  convulsions
               du  vote,  en  1978,  la  Direction  se  faisait  elle-  de ses organes face à l’asphyxie provoquée par
               même alarmiste sur les risques qu’encourait la   la CNAMTS et la DRSS, mettant en cause sa
               CPAM  en  l’absence  de  ces  créations  de      rentabilité. Les moyens seront débloqués à la
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               poste  .  Le  budget  sera  voté  en  1979  à  une   seule  condition  de  voir  la  CPAM  gagner  en
               courte  majorité,  et  ce  malgré  l’opposition   productivité et en rentabilité . Le statu quo ne
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               unanime des administrateurs salariés : la seule   pouvait être maintenu éternellement, particuliè-
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               force du CNPF permet la décision .               rement considérant la pression exercée par le
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               Ces multiples exemples ne recouvrent que les     personnel.
               années 1970, mais sont symptomatiques d’une
               gestion  à  tendance  centralisatrice  de  l’orga-  Le catalyseur qui fera éclater les revendications
               nisation  de  la  Sécurité  Sociale,  en  fonction   des employés sera le déménagement dans les
               d’indicateurs nationaux parfois en rupture totale   nouveaux locaux et la découverte des nouvelles
               avec les particularités du terrain. Les votes des   infrastructures  du  hall  des  prestations,  trop
               budgets sont un moment crucial dans chaque

               39 PV CA, 28 septembre 1976, p. 82
               40 PV CA, 30 janvier 1979, pp. 9-10
               41 PV CA, 28 septembre 1978, pp. 89-90
               42 Le CNPF vote le budget à 9 voix pour, les organisations « salariés » votant pour 7 contre et 2 abstentions. On peut
               voir ici une illustration de la remarque faite précédemment sur le paritarisme dans les CA après 1967, où le CNPF, de
               par sa structure monolithique, peut emporter les décisions du CA à lui seul, pour peu qu’un seul représentant « salarié »
               s’abstienne. Op. cit. 1979, p.12
               43 PV CA, 30 mars 1973, (Annexe II) Lettre de la CNAMTS du 27 mars 1973


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