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facteurs  ne  permettent  pas  de  réagir  rapide-  fusions  de  Caisses »  ne  puisse  provoquer
               ment  à  des  modifications  nombreuses  et       « des réactions plutôt négatives marquées par
               importantes  de  l'environnement  externe,  qu'il   l'attachement à l'existence de la MSA au plan
               s'agisse  de  législation,  d'information,  d'évolu-  départemental  et  à  une  présence  forte  sur  le
                                                20
               tions  des  attentes  des  adhérents »  ,  ce  qui   terrain ». C'est pour cela qu'il était préconisé de
               expliquait l'effort de restructuration porté par le   procéder progressivement, afin de ménager les
               projet MSA 2000. C'est un constat voisin que      sensibilités et de ne pas « susciter de blocages
               faisait M. Dubeau. Selon lui, l'hyper spécialisa-  a priori ».  Le recours à une fédération transi-
               tion  des  métiers  conduisait  à  des  difficultés   toire  était  alors  conseillé.  Cette  solution  était
               dans  la  gestion  des  dossiers  des  adhérents   chaudement  encouragée  car  elle  devait  per-
               ainsi qu’en matière de ressources humaines et     mettre de calmer les doutes éventuels, tout en
               de  management  des  équipes.  Pour  lui,  dans   assurant la possibilité de procéder au coup par
               certains  domaines,  les  « agents  pouvaient  se   coup.  En  effet  le  rapport  constatait  que  « la
               lasser » face aux « tâches répétitives » .        formule [était] connue pour les regroupements
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                                                                 de Caisses MSA et A.M.A. et elle a[vait] prouvé
               Si la question de la mise en place des UGG ne     son efficacité ». L'outil étant connu des gestion-
               paraît pas directement en lien avec celles des    naires locaux, il ne devait donc pas provoquer
               évolutions  à  apporter  face  aux  mutations     une levée de bouclier, d'autant que « sa créa-
               externes du monde agricole, il semble pourtant    tion ne nécessit[ait] pas d'acte réglementaire et
               que les questions de gestion de la démographie    elle n'impliqu[ait] aucune remise  en cause de
               agricole  imprègnent  la  réflexion  nourrie  à   l'existence  des  Caisses  de  MSA  ni  de  leurs
               propos  de  cette  réforme.  Comme  le  rapporte   Conseils  d'Administration  respectifs ».  Les
               Marie-Hélène  le  Duff,  la  refonte  des  services   Caisses  n'étaient  donc  pas  menacées  par  la
               sous forme d'Unités de Gestion Globale a été      création d'une Fédération. Bien au contraire, en
               aussi  préconisée  par  les  Caisses  centrales,   créant  cette  instance  supérieure,  elles  ne
               attentives à l’expérience conduite par la Caisse   faisaient qu'instituer un outil de travail contrai-
               de l’Oise.                                        gnant dans la seule limite des compétences qui

               Développer la coopération intercaisse             lui étaient déléguées. Grâce à l'instance fédé-
                                                                 rale,  les  Caisses  pouvaient  donc  œuvrer  en-
               La réponse aux évolutions du monde agricole       semble, sans pour autant disparaître du jour au
               portée par le projet « MSA 2000 » visait à dé-    lendemain.  La  Fédération  devait  donc  per-
               gager des formes d'organisation permettant la     mettre de concilier démocratie et réforme. Mais,
               réalisation d'économies. Il constatait que, « au   ce qui était retenu, c'était surtout sa capacité à
               vu  des  écarts  très  importants  qui  existent   favoriser  des  réalisations  « à  la  carte »,  eu
               actuellement  en  matière  de  coûts  de  gestion   égard à sa « grande souplesse par rapport aux
               des  Caisses,  le  système  actuel  basé  sur  la   ambitions poursuivies qui peuvent, en portant
               compensation  [entre  caisses]  n'est  plus       sur  des  points  précis  ou  sur  des  points  plus
               viable ».  Si  ce  système  devait  disparaître,  à   politiques, s'échelonner des plus modestes aux
               terme,  il  fallait  que  les  Caisses  limitent  leurs   plus larges ». La création d'une instance fédé-
               dépenses au produit de leurs cotisations. Pour    rale  permettait  donc  de  laisser  les  Caisses
               ce  faire,  et  afin  de  conserver  une  qualité  de   libres  de  déterminer  les  réalisations  qu'elles
               prestations au moins égale, la principale propo-  souhaitaient  mettre  en  place,  de  la  simple
               sition retenue était d'avancer vers « des regrou-  mutualisation  de  moyens,  jusqu'à  la  fusion
               pements de moyens ». L'objectif, était de réali-  complète, et ce, selon un calendrier libre.
               ser des économies d'échelle en mutualisant les    L'objectif  du  passage  à  des  instances  supra-
               moyens. Ainsi, a minima, les caisses pouvaient    départementales était de permettre aux caisses
               se satisfaire de « simple structure de travail en   de  saisir  les  opportunités  qui  pouvaient  se
               commun »,  ou  « de  la  mise  en  commun  de     présenter,  notamment  dans  la  gestion  des
               moyens d'intendance ». Elles pouvaient égale-     ressources  humaines,  tant  à  l'occasion  du
               ment ne conserver qu'une équipe de direction      « mouvement  des  hommes »,  qu'à  l'occasion
               commune, ou même fusionner. De nombreuses         d'« échéances importantes ». Il convenait sur-
               possibilités étaient donc envisageables pour ré-  tout  de  permettre  le  non  remplacement  de
               aliser ces économies d'échelle. Concrètement,     certains postes en cas de départ en retraite en
               il  était  recommandé  aux  caisses  de  se  doter   mutualisant les moyens afin de pouvoir, à long
               d'une  « structure  de  coopération  intercaisse   terme, diminuer les coûts de gestion. Mais cette
               souple et évolutive » et de travailler à se rap-  politique ne pouvait complètement être réduite
               procher selon une démarche progressive. Mais      à des contingences économiques. L'enjeu, en
               le  rapport  craignait  que  « la  perspective  de

               20 Le DUFF M.-H., « Modernisation du service public et inertie organisationnelle à la Mutualité Sociale Agricole (1992-
               1997), Politiques et management public, vol. 19, 2001, pp. 139-155.
               21 Entretien avec M. Dubeau, février 2017.


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