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L’environnement de la M.S.A.

                C’est un facteur important à prendre en compte, en particulier pour le monde agricole. En effet, à
          partir des années 1950, ce monde change de deux manières.

               D’une part, démographiquement : il y a de moins en moins d’agriculteurs. « En 1955, la France
          comptait 2,3 millions d’exploitations agricoles […] En 2003, elles ne sont plus que 590 000 […] Deux
          millions de personnes vivaient sur ces exploitations en 2000, soit quatre fois moins qu’en 1955 » . Le
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          Gers n’échappe pas à cette baisse, même s’il conserve des places honorifiques en ce qui concerne la
          production de certaines matières agricoles. Il s’agit du « 2  département agricole de Midi-Pyrénées » . Il
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          représente « 1/5 de la SAU [surface agricole utilisée] ; 1/6 des exploitations de la région ; 1/5 de la pro-
          duction brute standard (PBS) régionale ». Il s’agit aussi du « 1  département français pour le tournesol
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          et le soja : 75 000 ha et 10 400 ha ; 2  pour les canards gras et à gaver : 1,5 million ; 4  pour les vignes
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          à vocation IGP : 13 800 ha ». En 2004, la S.A.U. représentait 65 % du territoire départemental . L’impor-
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          tance de l’agriculture dans le Gers devait nécessairement permettre une caisse de M.S.A. influente.
               D’autre part, en plus d’un changement démographique, le monde agricole innove du point de vue
          technologique. Bairoch identifie trois révolutions agricoles dont les fondements sont les progrès méca-
          niques et chimiques, mais aussi la spécialisation de certaines régions dans certaines cultures. Alors que
          « la période 1910-1950 est marquée, selon lui, par un ralentissement de la croissance de la producti-
          vité », celle qui va de 1950 à 1985 « aboutit, pour les pays développés occidentaux, à une productivité
          agricole (compte non tenu de la réduction de la durée du travail) multipliée par 8,5 en 4 décennies ».
          Bairoch se réfère à Louis Malassis qui éclaire ces révolutions grâce à sa « typologie historique des
          modèles de l’économie alimentaire occidentale […] [qui] distingue quatre modèles. A savoir : le modèle
          pré-agricole ; le modèle agricole qui est divisé en deux : le modèle domestique (qui va du néolithique
          au XVIII  siècle) et le modèle commercialisé (qui va jusqu’en 1950) ; et, enfin, le modèle agro-industriel
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          internationalisé (qui débute vers 1950). Ce dernier modèle se caractérise essentiellement par l’indus-
          trialisation de la chaîne agro-alimentaire dans laquelle la valeur ajoutée par les industries agricoles et
          alimentaires est équivalente à celle de l’agriculture proprement dite » .
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               Dans ce département vallonné, l’agriculture a sans conteste été rendue plus productive avec le
          machinisme. L’arrivée des matériels de travail des champs, mais aussi des matériels d’élevage étaient
          une condition sine qua non l’exploitation agricole n’aurait pas pu se développer aussi vite (en comparai-
          son des siècles passés) comme elle n’aurait pas pu assurer une productivité et un rendement qui sont
          aujourd’hui les siens.
               Le Gers est donc bien un département rural au sein duquel la caisse de M.S.A., en tant qu’institu-
          tion agricole élue, possède un grand rôle de représentation des agriculteurs devant les pouvoirs publics.
          Ainsi, elle s’est donnée pour mission la défense des intérêts agricoles et l’assurance de leur protection.
          Cette histoire de la caisse gersoise démontre donc le poids important qu’elle joue, tant au niveau dépar-
          temental que national.

               Cette étude historique résonne nécessairement avec le présent du monde agricole. Crises des
          exploitations laitières, crise porcine, crise aviaire aussi, la M.S.A. joue un grand rôle dans l’assistance
          des agriculteurs. La crise aviaire a fortement touché le Gers durant l’année 2016. Les canards ont été
          massivement abattus, laissant les agriculteurs sans revenus pendant un certain temps. Ces crises à
          répétition poussent la M.S.A. à investir plus largement le domaine couvrant le quotidien des agriculteurs.
          Ainsi la cellule « prévention du mal être [agricole] réactive » , reçoit-elle de plus en plus d’appels d’agri-
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          culteurs en difficulté.


          17  DESRIERS (Maurice), « L’agriculture française depuis cinquante ans : des petites exploitations familiales aux droits à
          paiement unique », in L’agriculture, nouveaux défis, janvier 2007, éd. 2007, p. 17.
          18  Agreste Midi-Pyrénées Données, n°61, octobre 2001, p. 1.
          19  L’agriculture, nouveaux défis, op. cit., p. 265.
          20  BAIROCH (Paul), « Les trois révolutions agricoles du monde développé : rendements et productivité de 1800 à 1985 », in
          Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, 44e année, N. 2, 1989, pp. 317-353 (citation, p. 328).
          21  La Dépêche du Midi, 01/10/2016.


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