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séance,  à  s’attaquer  aux  « lois  maudites »  du   Il en est de même pour la réforme de 1965 qui
               régime social, et plus particulièrement à la loi de   double la retraite forfaitaire de l’exploitant, attei-
               1952.  Si  leurs  plaintes  sont  retranscrites  de   gnant ainsi le même niveau que l’allocation aux
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               manière assez générale dans le procès-verbal,    vieux travailleurs salariés . La même année, la
               ce  dernier  nous  renseigne  néanmoins  sur  les   Caisse réunie en Assemblée Générale affirme la
               raisons de fond des critiques formulées.         volonté  d’un  basculement  à  une  retraite  à  60
               Ce sont les vœux présentés par les délégués      ans, qui sera dès lors une demande présente à
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               cantonaux de Trie-sur-Baïse qui apportent une    chacune des assemblées générales . L’année
               réponse. Ils critiquent les imperfections de la loi,   suivante, l’Assemblée Générale  appuie  à nou-
               en  particulier  quant  à  son  application  « trop   veau  cette  demande  en  prenant  l’exemple  de
               restrictive ». En effet, la loi de 1952 imposant un   l’agriculteur ayant commencé sa carrière à l’âge
               plafond de revenu cadastral de 500 francs, les   de 15 ans : ce dernier a travaillé durant 45 ans,
               délégués  jugent  celui-ci  trop  bas  pour  assurer   il devrait pouvoir bénéficier d’un droit à la retraite
               une  bonne  justesse  dans  l’application  de  la   à taux plein à 60 ans du fait de la dureté de son
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               norme  nouvelle,  sans  toutefois  proposer  de   emploi .  Elle  dénonce  également  le  montant
               plafonnement alternatif. Pourtant, les délégués   des  retraites  qui  est  jugé  trop  bas  au  point
               reconnaissent la nécessité de ces lois sociales,   d’être  qualifié  d’« aumône ».  Il  s’agit  de  la
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               indispensables même si encore insuffisantes .    seconde demande récurrente : la revalorisation
               Il en est de même pour les vœux présentés par    du montant des retraites.
               les délégués du canton de Lourdes. Ils consta-
               tent un « mécontentement général des paysans     La loi du 25 octobre 1972 qui crée le régime
               par l’application actuelle de la loi ». Ils souhai-  obligatoire  de  prévention  et  de  réparation  des
               tent  que  celle-ci  puisse  s’appliquer  à  tous  les   accidents du travail et des maladies profession-
               agriculteurs et en particulier que soit retirée la   nelles pour les salariés agricoles ne semble pas
               condition  des  500 francs  de  plafond  jugée   poser particulièrement de problèmes à la MSA
               pénalisante pour les agriculteurs bigourdans où   des Hautes-Pyrénées. En 1974, lors de l’Assem-
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               les revenus cadastraux sont importants .         blée Générale, le président Harraca commente
               Le  directeur  des  Caisses  centrales  intervient   les  différents  régimes.  Lorsqu’il  aborde  celui
               durant  l’Assemblée  Générale,  pour  affirmer  lui   créé  en  1972,  il  ne  fait  pas  de  remarque
               aussi les imperfections de la loi du 10 juillet 1952   particulière.  Il  se  contente  de  rappeler  que  le
               et sa conviction que le mécontentement général   régime est obligatoire depuis 1973 et de dresser
               qu’elle  entraîne  la  conduira  à  être  remise  en   un  rapide  bilan  des  cotisations  encaissées  et
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               chantier  et  à  faire  l’objet  de  « modifications   des prestations versées .
               quasi-permanentes ».
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               Les réformes de 1955 et 1962 n’apportent pas     Caisse  départementale  attendait,  s’avère  être
               plus  de  satisfactions  à  la  Caisse  des  Hautes-  accueillie  de  manière  plutôt  positive.  Cette
               Pyrénées.  Lors  de  l’Assemblée  Générale  de   réforme a fait passer « d’une assiette de reve-
               1962, il est rappelé que la situation s’est amélio-  nus cadastraux, indicateurs du revenu du capital
               rée et que d’importants efforts ont été produits,   foncier  et  peu  représentatif  du  revenu  profes-
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               mais que cela reste insuffisant .                sionnel réel, à une assiette constituée des reve-
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               En 1964, l’Assemblée Générale ajoute qu’il n’est   Caisse présente la loi du 23 janvier 1990 et dit :
               pas  normal  que  la  pénibilité  au  travail  et  la   « Si, sur le principe de cette réforme qui a
               longueur des carrières ne soient pas prises en       été largement explicitée on ne peut qu’être
               compte,  formulant  le  souhait  d’aller  vers  un   satisfait, il s’avère au fur et à mesure de sa
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               régime de retraite à taux plein à 60 ans .           mise  en  place  progressive  que  des  effets

               86  Ibid. : « Dans le canton, les agriculteurs sont parfois en difficulté du fait de leurs faibles ressources pour payer les
               cotisations imposées par les lois sociales qui sont cependant indispensables et qui ne procurent encore que des garanties
               insuffisantes ».
               87  Les délégués de Lourdes précisent qu’avec moins de 4 ha de terres non irrigables, le revenu cadastral de 500 francs
               est déjà atteint ; Ibid.
               88  P. V. de l’Assemblée Générale du 30 septembre 1962.
               89  P. V. de l’Assemblée Générale du 8 novembre 1964.
               90  Christian FER, La mutualité sociale agricole. 1981-2015, op. cit., p. 283.
               91  P. V. de l’Assemblée Générale du 20 novembre 1965.
               92  La Mutualité n’hésitant pas à employer le terme « ravagé » pour désigner l’état de l’agriculteur dans cette situation ; in
               P. V. de l’Assemblée Générale du 20 novembre 1966.
               93  P. V. de l’Assemblée Générale du 17 novembre 1974.
               94  Éric RANCE, « La protection sociale des exploitants agricoles en mutation », in Revue française des affaires sociales, n°4,
               2002, p. 196.


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